18 mai 2019
Cinéma
Week-end du Cinéma Latino-américain
À l’occasion de la troisième édition du Weekend du Cinéma Latino-américain, organisé dans le cadre de la Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes, nous partirons dans les montagnes des Andes, dans des espaces vierges de l’Amazonie ou encore d’Amérique centrale, mais avant tout dans des espaces intimes.
Texte Henry de Cooman Photos Le Chien qui Aboie
Ce weekend est dédié à un cinéma d’engagement et de réflexion, esquissant habilement les lignes de films politiques, remuant les plaies enfouies du passé pour les faire remonter à la surface. Ce voyage cinématographique dévoilera également les contours d’espaces intérieurs et profonds.
Nous y traverserons des espaces de mémoire, résistant à l’amnésie collective grâce à des cinéastes qui interrogent leurs parents, entre parts d’ombre et de lumière.
Mais également des espaces énigmatiques qui révèlent des secrets et des langues ancestrales, ainsi que des espaces d’une beauté insoupçonnable, où des territoires vierges découverts récemment côtoient des territoires indigènes qui rendent hommage à leurs enfants.
Le Weekend du Cinéma Latino-américain est organisé par El Perro que Ladra (Le Chien qui Aboie), une association dédiée à la promotion et diffusion du cinéma d’Amérique latine en Europe. L’association est née à Paris en 2009 et y a présenté plus de 200 films dans une douzaine de lieux différents. Une association jumelle à Barcelone est établie depuis 2012.
EUGENIA
Dans ce film, le réalisateur Martin Boulocq esquisse les soubresauts et la fragile reconstruction personnelle d’une jeune femme, à la recherche de son identité. En décidant de quitter son mari et la vie banale qu’elle mène dans une petite ville de Bolivie, Eugenia ne cherche pas seulement à se découvrir une autre vie, mais également à se recentrer sur elle-même.
Dès son emménagement chez son père, cette jeune femme instruite doit faire face à la présence de sa nouvelle compagne et de leur jeune fils. Très vite, elle trouve un travail et joue la guérillera dans un film amateur. En quête de sens, Eugenia se confronte à elle-même, à ses aspirations et à ses besoins de se recentrer sur ses propres valeurs, évoquant le ressenti et les préoccupations majeures de beaucoup de femmes dans une société encore machiste.
CHIRIBIQUETE
(VIDÉOGRAPHIE D’UNE EXPÉDITION AU CENTRE DU MONDE)
L’archéologue Carlos Castaño, nous embarque pour une expédition dans les montagnes de la « Serrania » Chiribiquete qu’il découvre un peu par hasard il y a près de 30 ans lors d’un survol en avion au cœur de l’Amazonie colombienne.
Dans ce voyage magnifique mené à travers un paysage dominé par les tepuyes, des formations géologiques parmi les plus anciennes de la planète, ainsi que par les peintures rupestres qui en font un lieu de grand intérêt archéologique, nous rencontrerons des tribus indigènes isolées et découvrirons des secrets qui n’ont pas encore été révélés.
EL PACTO DE ADRIANA
(LE PACTE D’ADRIANA)
Dans le pacte d’Adriana, la réalisatrice Lissette Orozco cherche avec prudence et dans un fragile équilibre à confronter sa tante à son passé, en vue de comprendre la nature véritable de cette femme envers qui elle éprouva, jeune, une grande admiration.
Tiraillée entre son rôle de réalisatrice d’investigation et le lien intime qu’elle entretien envers sa tante, la réalisatrice part avec une remarquable dose de courage en quête de vérité sur le rôle joué par Adriana Rivas González, qui fut l’objet en 2014 d’une demande d’extradition de la justice chilienne auprès de l’Australie, où elle trouva refuge à la fin des années 1970.
Adriana est en effet poursuivie pour acte de torture et soupçonnée d’avoir été membre de la Brigade Lautaro de la DINA, qui mena des opérations contre la direction du Parti communiste chilien dans les années 1970. Plus de 3000 personnes sont mortes ou ont disparu et quelque 38 000 personnes furent torturées pendant la dictature chilienne de Pinochet (1973-1990).
ALGO QUEMA
(QUELQUE CHOSE BRÛLE)
Ovando, grand-père du cinéaste Mauricido Ovando, était durant les années 1960-70, le plus puissant militaire de la Bolivie dictatoriale, soupçonnée d’avoir pris en chasse, capturé et exécuté Ernesto Che Guevara en 1967.
Au sein de sa propre famille, le Général Ovando, président de la République à plusieurs brèves reprises, laissa le souvenir d’un homme aimant, soucieux de ses proches mais également d’un militaire intègre et loyal. Au fur et à mesure des entretiens avec les divers membres de la famille, agrémentés de films d’archives familiales et d’autres issus de la télévision, apparait un personnage au passé plus trouble et moins glorieux qu’il ne semblait en avoir l’air.
DICIEMBRES
(DÉCEMBRES)
Dans son film « Diciembres », Enrique Castro Rios raconte la lente et douloureuse réconciliation entre trois survivants de l’invasion du Panama par les États-Unis en décembre 1989. Ces derniers ont en commun la perte d’un être cher, à l’époque photographe et tué lors de cette attaque.
À travers cette fiction, nous pouvons ressentir toute la violence de cet épisode de l’histoire terriblement meurtrier, la douleur persistante et intacte dix années plus tard, mais aussi l’omniprésence de cette passion plus forte que tout pour la photographie.
LA SINFÓNICA DE LOS ANDES
(L’ORCHESTRE DES ANDES)
À travers ce documentaire, Marta Rodríguez rend hommage à trois enfants autochtones : Maryi Vanessa Coicue, Sebastian UI et Ingrid Guejia, victimes du conflit armé colombien dans la région d’El Cauca, où il fut le plus intense.
Pour se faire, elle fait appel à un orchestre composé de jeunes indigènes Nasa. Ainsi, se mêlent musiques traditionnelles, sublimes compositions et voix envoutantes pour se souvenir de ces enfants avec poésie.
HEREDERA DEL VIENTO
(HÉRITIÈRE DU VENT)
Dans « Heredera del Viento », Gloria Carrion nous fait découvrir son premier long-métrage documentaire. Elle y raconte la révolution sandiniste au Nicaragua au début des années 80 durant laquelle la réalisatrice a évolué dans une famille impliquée et fascinée par le mythe de la révolution.
Ce film extrêmement personnel lui permet de raconter, à 36 ans, ses propres souvenirs pour surmonter le silence de ses propres parents suite à la chute de ce rêve révolutionnaire.
WIÑAYPACHA
(L’ÉTERNITÉ)
Wiñaypacha est le premier long-métrage du péruvien Oscar Catacora mais aussi le premier film en langue aymara. Le réalisateur y raconte l’histoire d’un vieux couple aymara, Willka et Phaxsi, vivant isolés du monde dans la montagne andine à plus de 5 000 mètres d’altitude.
On y retrouve toute la difficulté de cette vie bien loin du confort que l’on peut connaître mais aussi et surtout toute la beauté de vieillir ensemble à travers l’amour.