François Hollande lors de son discours pour la SALC à l'Élysée. À droite : Ollanta Humala, ex-président du Pérou.
3 août 2016
Dans la ville
SALC 2016 : semaine de l’Amérique latine à Paris, première partie
En 2011, un an après les célébrations du bicentenaire de l’indépendance d’une grande partie des pays d’Amérique latine, la Haute Assemblée instaura le 31 mai, journée de l’Amérique latine et des Caraïbes. Cette résolution, adoptée par le Sénat, deviendra une semaine entière de célébrations. Philippe Bastelica, ancien ambassadeur de France au Guatemala et actuel coordinateur de la Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes (SALC), nous raconte l’histoire de cette décision.
Texte Andrea Amaya Porras Photos IDA, SALC, Andrea Amaya Porras
Andrea Amaya Porras : Quel est votre travail au Ministère des Affaires Etrangères ?
Philippe Bastelica : Je suis chargé de deux missions. L’une consiste à appuyer l’Institut des Amériques (IDA) qui est un réseau universitaire et scientifique qui réunit des établissements (61 établissements) universitaires et de recherche qui ont pour point commun d’entretenir des équipes qui travaillent en sciences humaines et sociales sur l’espace américain (de l’Alaska à la Terre de Feu en passant par les Caraïbes). Je suis chargé d’établir une liaison plus étroite entre le Ministère des Affaires Étrangères et ce réseau scientifique et d’appuyer les efforts de cet institut pour s’ouvrir à des partenaires extérieurs au monde académique, universitaire et de la recherche, à savoir les gouvernements, les organisations internationales et les entreprises en particulier. Je suis classé au sein de l’IDA en qualité de Conseiller du Président.
Par ailleurs, en 2011, le Sénat a adopté, à l’unanimité, une résolution dans laquelle cette Assemblée a fait le vœu que le 31 mai soit la journée de l’Amérique latine et des Caraïbes et soit ainsi l’occasion de célébrer les relations entre la France et cette partie du monde. De 2011 à 2013, cette journée a été célébrée dans un cadre qui associait le Sénat, la Maison de l’Amérique latine et les ambassades de l’Amérique latine et des Caraïbes en France principalement. À partir de 2014, la journée de l’Amérique latine et des Caraïbes est devenue toute une semaine d’événements et donc ma seconde mission consiste à coordonner tout ce que nous faisons pendant ces jours.
A.A.P. Qui fut la personne à l’origine de cette idée ?
P.B. C’est un sénateur qui s’appelle Jean-Marc PASTOR. Il était sénateur à ce moment-là, il ne l’est plus. Mais c’est lui qui a joué un rôle d’impulsion de cette initiative qui est unique. L’Amérique latine et les Caraïbes sont les seules régions du monde qui fassent l’objet, à ma connaissance, d’initiative de cette nature. Jean-Marc PASTOR était par ailleurs actif comme président d’un groupe d’amitié du Sénat entre le sénat français et un certain nombre de pays latino-américains. Il était très impliqué dans les relations parlementaires entre la France et l’Amérique latine.
A.A.P. Et que s’est-il passé après ?
P.B. À la fin de 2013, la Présidence de la République a estimé qu’il fallait, en prenant appui sur cette journée, essayer de faire un peu plus. C’est la mission qui m’a été confiée. Une mission qui comportait trois axes. Le premier était de faire en sorte que, tout en saluant l’initiative du Sénat, cette célébration aille au-delà du Sénat et implique l’exécutif. Le deuxième axe était que cette manifestation touche un public plus large. Le troisième était que cette manifestation ne soit plus seulement une manifestation parisienne mais qu’elle s’étende à l’ensemble de la France. Je me suis attelé à cette tâche et c’est ainsi qu’on est passé d’une journée à une semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes, parce qu’il est apparu qu’il y a eu de nombreuses initiatives qui se sont présentées. Toutes ne pouvaient pas être organisées le 31 mai.
Philippe Bastelica.
A.A.P. Avez-vous décidé de dédier plus de temps à cette manifestation ?
P.B. Oui. On a choisi d’élargir le champ en organisant ce qu’on a appelé une semaine mais qui a duré en fait quasiment deux semaines, avec une centaine de manifestations en 2014 qui ont été étiquetées, labellisées au titre de la Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes (SALC). Pour 2015, on était parti sur la période du 31 mai au 7 juin mais face aux initiatives qui nous ont été proposées et qui couvraient une période plus large, nous avons élargi et en fait nous avons commencé dès le 26 mai. En 2016, nous avons fait de nouveau une semaine symboliquement mais du point de vue du calendrier cela a été un peu plus : du 24 mai au 5 juin.
A.A.P. Où ont lieu les activités ?
P.B. Les activités ne sont pas seulement à Paris comme l’Élysée l’avait souhaité. Il y a des manifestations en banlieue parisienne également. Et dans de grandes villes comme Lyon qui est très active, grâce notamment à la mobilisation de l’Union des Consuls Honoraires de France. Et puis il y a Marseille, Toulouse, Montpellier, mais aussi des villes de taille plus moyenne. On sent qu’au fond cette initiative répond à une attente, à une disponibilité. Il y a un peu partout des gens qui sont enchantés de s’impliquer derrière ce projet, derrière cette sorte de petit festival qui est consacré à l’Amérique latine et les Caraïbes.
A.A.P. Pourquoi ne pas faire l’évènement dans un seul endroit et dans une seule ville ?
P.B. Parce que ce serait très réducteur, parce que ce qui caractérise la relation France-Amérique latine, c’est qu’elle est diffusée sur tout le territoire et ce serait extrêmement difficile de choisir un endroit qui pourrait rassembler tout le monde et un endroit qui soit d’ailleurs assez grand pour accueillir tous ceux qui portent un intérêt à cette relation.
Il y a quelques lieux symboliques institutionnels comme le Sénat ou la Présidence de la République mais, moi, je trouve qu’il est extrêmement positif qu’il puisse y avoir des initiatives de toutes tailles dans les endroits les plus divers. Alors, cela n’empêche pas qu’on est un peu à la naissance de cette semaine. La journée date de 2011, la semaine de 2014. En 2016 on a organisé la troisième semaine. Je crois qu’aujourd’hui ce qui compte c’est de susciter l’attention et l’intérêt du plus grand nombre et pour cela on a intérêt à accueillir le plus de monde.
A.A.P. Qui sont les personnes qui sont chargées de l’organisation, à part vous ?
P.B. Je n’ai un rôle que de coordination, de promotion, de communication. C’est vrai que je sers un peu de lien entre les différents acteurs mais il y a tout d’abord une première catégorie, et ce sont les institutions et les organismes publics : la Présidence de la République, le Ministère des Affaires Étrangères, le Sénat, le Ministère de la Culture, le Ministère de l’Enseignement Supérieur. L’Institut Français participe aussi à différents titres à l’organisation de la SALC.
A.A.P. Les ambassades des pays latino-américains participent-elles également à l’organisation?
P.B. C’est la deuxième catégorie. Et puis la troisième catégorie sont les partenaires culturels associatifs de tous ordres, parmi lesquels vous avez des partenaires prestigieux disposant de moyens importants comme le musée du Quai Branly ou le Jeu de Paume, qui en 2014 avait été un partenaire. Et puis, vous avez des petites associations de quartier ou locales qui fonctionnent grâce au dévouement de quelques bénévoles et qui pourtant ont fait beaucoup de travail.
A.A.P. Il y a une autre catégorie ?
P.B. Je devrais parler également des institutions universitaires qui se sont également mobilisées, par exemple la fondation Maison des Sciences de l’Homme qui s’est engagée avec l’Université Paris 8 et le Collège International de la Philosophie. Ils ont participé en 2014 avec beaucoup de détermination.
Nous vous invitons à lire la semaine prochaine la deuxième partie de l’interview avec Philippe Bastelica.