Extrait du film colombien "el día de la cabra", de Samir Oliveros.
4 juin 2018
Cinéma
Week-end du cinéma des Caraïbes et d’Amérique centrale
Ce week-end, proposé dans le cadre de la 5ème Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes par l’association El Perro que Ladra / Le Chien qui Aboie – Association pour la diffusion du cinéma latino-américain en Europe – met à l’honneur une cinématographie méconnue et surprenante.
Texte Sébastien Coral Photos Le chien qui aboie
Colombie et République Dominicaine arrivent avec leurs comédiennes
Six films contemporains inédits seront proposés à cette occasion dans la Ville lumière, en provenance de République Dominicaine, du Costa Rica, de Colombie et du Guatemala, en passant par Porto Rico et Cuba. Les spectateurs découvriront de nouvelles histoires et personnages ainsi que des atmosphères et paysages uniques.
Kiara Howard, protagoniste du film ‘El día de la cabra’ de Samir Oliveros, rejoint le festival en provenance de l’île colombienne de Providencia. Ce film colombien est l’une des rares productions tournées sur l’archipel de San Andrés et Providencia. Sa particularité est celle d’être entièrement en créole anglais, la langue d’usage des ‘raizales’ de l’archipel, des populations ayant un héritage anglo-africain en plus de leur identité colombienne.
Judith Rodriguez, la protagoniste du film ‘Cocote’ de Nelson Carlo de los Santos viendra de Santo Domingo, République Dominicaine, pour partager avec le public parisien. Cocote, qui a reçu le prix du Meilleur film lors du dernier Festival International de Cinéma de Carthagène des Indes (FICCI), en Colombie, et a raflé le prix Sign Awards à Locarno, se penche sur deux thèmes primordiaux des Caraïbes : le syncrétisme culturel et les nouvelles églises évangéliques.
En effet, le film retrace le parcours d’Alberto, jardinier et chrétien évangélique qui revient dans sa ville natale pour assister aux obsèques de son père, assassiné par un homme influent. Pour pleurer le défunt, il est contraint de prendre part à des cérémonies religieuses contraires à sa volonté et à ses croyances. Ces cérémonies font partie de l’identité dominicaine profonde et trouvent leurs origines dans les religions ancestrales ouest-africaines.
Porto Rico et Costa Rica : des rêves et des libertés
Le pentecôtisme évangélique est également en toile de fond du film portoricain ‘Antes que cante el gallo’ d’Arí Maniel Cruz dont le personnage principal est Carmín, qui rêve de partir vivre un jour avec sa mère à San Juan, la capitale. Ce rêve s’effondre quand la mère emménage avec son nouvel époux aux États-Unis. En plein éveil adolescent, Carmín est contrainte de rester à Barranquitas, un petit village de montagne, au côté de sa grand-mère, une femme dure, conservatrice et n’étant pas en mesure d’assurer son éducation. Seul le retour du père, après plusieurs années de prison, permet d’atténuer le mal-être de Carmín.
Ici, le modèle traditionnel de famille défendu par l’église catholique vole en éclats face à la réalité. Tous ces sujets rythment l’actualité de la société latino-américaine et se heurtent à des visions politiques parfois conservatrices, voire rétrogrades.
La jeunesse est au centre de ‘Viaje’, le film de la talentueuse réalisatrice costaricienne Paz Fábrega. Lors d’une fête costumée « Furby », Pedro rencontre Luciana. Tous deux décident de partir très loin, profitant du travail de Pedro pour s’isoler dans la nature. C’est un couple plein de légèreté et de liberté : résolument anti romantique, il s’oppose à l’image du couple engagé afin de mieux profiter de l’instant présent. Encore une fois, le rejet des carcans traditionnels de modèle de couple ou de famille est confronté aux désirs de liberté des individus.
Cuba et Guatemala : des amours et des résistances
Le Weekend du Cinéma des Caraïbes et d’Amérique Centrale brasse tous les âges et au côté de l’adolescence et de la jeunesse, le film Cubain ‘Ya no es antes’ de Lester Hamlet dépeint une autre histoire d´amour à un âge plus mûr. Celle d’Estéban et Mayra qui, après s’être perdus de vue pendant 40 ans et alors qu´ils étaient amoureux à l’adolescence, se retrouvent à la Havane. Ils auront l’occasion de vérifier si leurs promesses d’amour de jeunesse ont été tenues ou non.
Un documentaire accompagne les cinq fictions précédentes. ‘500 Años’ de Pamela Yates (USA) cristallise, à travers les revendications du peuple Maya au Guatemala, différentes problématiques sociales dont la violation des droits de l’Homme en Amérique centrale. Cette production est une histoire de résistance : celle du peuple guatémaltèque, majoritairement amérindien, qui se doit de réinventer aussi bien son histoire que sa société actuelle.
Une table ronde intitulée Cinéma et Réalités des Caraïbes et de l’Amérique Centrale présentera les films et l’état des lieux du cinéma dans la région. Seront abordés également les thèmes et problématiques qui font l’actualité sous le prisme des sujets abordés par les films. Seront présents Sébastien Pruvost, spécialiste de cinéma cubain, Yanillys Pérez, réalisatrice dominicaine et Angélica Montes, philosophe et spécialiste de la question afro en Amérique latine.
La manifestation se veut aussi festive : des soirées d’ouverture et de clôture, mais aussi des rencontres auront lieu autour d’un verre !