18 novembre 2019
Musique
Rodrigo et Gabriela : une fusion de métal, rock et musique latino-américaine
Rodrigo et Gabriela ont brisé les codes, réussissant à mélanger dans leur travail le métal et le rock avec des rythmes latino-américains, et amenant le flamenco là où on ne l’attendait pas. Le duo mexicain se démarque également par son jeu de guitare d’une dextérité hallucinante. Et dire que tout a commencé dans les rues de Dublin… pour finir à la Maison Blanche !
Texte Aurore Bayoud Photos DR Vidéos DR
Dès les premières notes, il est impossible de ne pas remuer la tête en rythme. Sans qu’on s’en aperçoive, la semelle du pied vient battre la mesure.
Rodrigo Sánchez et Gabriela Quintero sont deux Mexicains aujourd’hui connus à l’internationale. Et pour cause : ce duo a su proposer un cocktail musical puissant, énergique et brut. C’est bien simple. Leur musique réchauffe le corps et l’âme. La généreuse inspiration latine y est certainement pour quelque chose.
Car bien que, selon Rodrigo, le groupe se soit consacré au rock acoustique, c’est indubitablement la chaleur latina que l’on retrouve dans leurs hits. Mais pas seulement. Cette énergie véhémente que les deux artistes dégagent provient bien du métal. Fans inconditionnels de Metallica, Rodrigo et Gabriela ne lésinent pas sur les riffs inspirés de ce groupe californien. Leurs premiers succès seront d’ailleurs des versions acoustiques d’ « Orion » de Metallica et de « Stairway to Heaven » de Led Zeppelin.
On peut dire, sans peur de se tromper, que l’ajout de cette saveur latine aux chansons rock et métal est inédit. Et la fusion fonctionne. Rodrigo et Gabriela peuvent même se vanter d’avoir amené le flamenco sur le devant de la scène. Pourtant, qui aurait parié sur cette musique andalouse ?
Rodrigo et Gabriela quittent le Mexique pour s’aventurer en terres irlandaises
Tout commence sur une terre acide. À Mexico, les deux jeunes échangent leurs premières notes auprès de Tierra Ácida, un groupe de trash metal. Voyant que leurs chances de succès étaient réduites, ils décident de déménager à Dublin. « Un jour, Gabriela m’a surpris en me disant : “Quittons Mexico”. Je l’ai surprise en répondant : “Si on y va, c’est maintenant !” », se souvient Rodrigo.
Comme beaucoup de musiciens avant eux, ils soumettent ainsi leur talent à la rue, sans argent et sans parler anglais.
Mais jouer dans la rue n’est pas toujours amusant. « Une nuit, il faisait froid, la rue était vide, et nous avons commencé à nous disputer pour savoir pourquoi on continuait. Soudain, un ivrogne s’est approché et nous a dit : “Hé, vous deux, taisez-vous et jouez. ” Pour moi, c’était comme un ange qui disait : “Arrêtez vos conneries. ” Et c’est exactement cela que nous avons fait », sourit Gabriela.
Désormais partenaires après avoir été amoureux pendant de longues années, le duo se complète plus que jamais. Rodrigo le reconnaît : « Je pense que nous avons toujours été attirés par quelque chose de plus puissant entre nous que notre relation : la musique. »
Le duo mexicain aimé par Obama
Sur scène, c’est Rodrigo qui gère les solos complexes avec dextérité, tandis que Gabriela alimente le dynamisme du duo avec une agilité extraordinaire, ses doigts jouant tous indépendamment les uns des autres. « Ne vous inquiétez pas, nous plongeons nos mains dans des sceaux de glace après chaque spectacle ! » rigole cette dernière. Nous voilà rassurés.
Cet indéniable talent les a menés jusqu’à la Maison Blanche. En 2010, Barack Obama invite les deux artistes à jouer lors d’un dîner avec son homologue mexicain Felipe Calderón. « Barack Obama a dû nous présenter au président mexicain et à sa femme, car ils n’avaient aucune idée de qui nous étions. Il a dit : « Vous ne les connaissez pas ? Ils viennent du Mexique, j’ai leur musique dans mon iPod ! ».
En 2011, le compositeur Hans Zimmer leur demande également de participer à la bande originale du film Pirates des Caraïbes : La fontaine de Jouvence. Une de leurs chansons (« Tamacun ») fait également partie de la bande originale de la série Breaking Bad.
Cette année, Rodrigo et Gabriela offrent à leur public un nouvel album : Mettavolution. Un terme forgé avec les mots « évolution » et « metta », qui signifie compassion en sanskrit. L’album évoque « le basculement dans la conscience » du duo, qui a aujourd’hui la quarantaine bien sonnée.
Devenus tous deux vegan et adeptes du bouddhisme, les deux artistes expriment cette nouvelle spiritualité avec un son auquel ils sont parvenus en composant la musique d’abord avec des paroles, avant de les retirer pour laisser place à la méditation.